Voici l’Opus N°4 de notre Modern Récital. Comme un petit gout de bac de Français ou de cours d’école. Cet Albatros a tant voyagé de bouche en poche et de table en étagères…Là il prend la mer librement. Une spéciale dédicace à mon ami Daniel Mizrahi Albatros guitariste au feelling d’enfer qui part ses effets aquatiques a pu convier les fonds marins et leurs énigmes séculaires. Bon voyage en notre compagnie . Et surtout déployez vos ailes !
L’ALBATROS
« …Ses ailes de géant l’empêchent de marcher «
La vie en quatre par trois.
« Avec toi c’est l’Opéra » me disait-il.
Hypersensible, hyper-émotive, hyper-réceptive. Inadaptée dans un monde trop petit et des rêves trop grands.
Il avait saisi l’indicible au sommet de la montagne enneigée, numéro 507. Rencontre fulgurante de deux quasars aux âmes errantes. Point de logique, point de départ, point d’arrivée. Une errance qui se perpétuait depuis des siècles sans doute, pour peu que l’on croie à l’éternité de l’esprit.
Sans lui, sans toi, mes ailes et moi.
« Pars à New York » me disait il cent ans plus tard, les yeux débordant de larmes retenues au barrage d’un lâché prise tant espéré. 15 778 800 minutes sans un sanglot : sacrée sécheresse ! Lacryma jacta est.
Flash back sur le silence de plomb mouillé de nos adieux. Ce regard bleu immense, implorant de me laisser l’oublier en paix, posé l’espace d’un instant en équilibre dans sa conscience, où l’homme et l’enfant dialoguait enfin. Trop peu de temps …
Nos ailes de géants, moi je ne voyais qu’elles. Les miennes m’encombraient parfois, mais lorsque je pouvais les étendre, laisser de l’air à mes rémiges, je respirais comme jamais. Alors j’avais la foi.
Lui les avaient soigneusement pliées, minutieusement, dans la chair de son dos, infirme filigrane à celui qui ne sait pas. Moi, elles, je ne voyais qu’ailes, bosselées, indéfinies, origamées aux creux de ses muscles. Je les touchais des yeux, mon albatros amour et frère, te suppliais de les déplier.
Liberté trop brulante. I comme Icare. Que faire de l’immensité ? Où poser nos racines ? Comment ne pas devenir fous ?
Et la mer efface sur le sable… Chronique d’un déchirement musculaire et d’une fracture du myocarde. les corps se taisent, fossilisant le manque, l’amour, l’espace qui ne vivra pas.
Rencontre d’un idéal absolument pas idéal. Trop émus pour supporter cela.
Choc de deux poètes, avec plumes et sans reproches, les âmes à poil, Justement ! Animaux célestes nous le fûmes, Albatros aux ailes de géant.
Candides, mes tentatives désespérément humaines de mettre dans l’ordinaire des jours, l’histoire in-dé-finie. Pas de sommaire ici de nos aller retour ré-créatifs, arcs en ciel émotionnels et vicissitudes organiques.
Basta ! Pisser sur l’amour pour tenter de l’éteindre fut, sans conteste, mon Golgotha. Mais ceci est une autre histoire, l’histoire d’une boite verte qu’un jour peut être, je délivrerai de mes os.
En attendant, pas de fumée blanche chambre 507. DCD, Le pape est mort, la messe est dite. A l’enterrement d’une feuille morte, deux escargots s’en vont… chacun de leur côté.
Moi, J’ai bien cru en mourir de chagrin.
Nous ne serons jamais amants nous ne serons jamais amis, une de mes chansons et pourtant nous conjuguions si bien :
Nous sommes Artistes, Tu es Artiste, Je suis Artiste.
JE SUIS ARTISTE, poétesse, troubadour, alchimiste du sens, du mot, des sons, des gens. Je ne veux être que cela. J’appréhende et perfectionne un mouvement, celui de la nature, parfaite et simplissime. J’observe mon incroyable exaltation du vivant. J’approche la beauté de la vie, des êtres transformant renouvelant créant dans le doute et la certitude, la foi et le chaos, l’ombre et la clarté.
Ni prof ni soumise, c’est parce que je suis artiste que je peux apprendre de/ pour et avec mes frères-soeurs oiseaux. TRIBU! ALBATROS, qui tentez ce que vous pouvez pour voler, élever la voix et le débat, vous écriant à la barbe des mécréants ou de ceux qui n’osent pas le courage de croire.
Condamnée à voir, je suis Cassandre aux grandes ailes. Albatros, toi tu l’es à jamais, et je t’espère en paix, approchant ta beauté un peu plus chaque jour jusqu’à épuisement des stocks infinis.
En quatre par trois
Immensément.
Françoise Fognini
22 MAI 2018